Les neurosciences permettent l’analyse des différents processus de la conscience, ses investigations résident dans la précieuse rencontre entre psychologues, radiologues, neurologues et mathématiciens. Il a été conjecturé que les cinq formes physiologiques de la conscience émanaient des cinq sens, à savoir la vue, le goût, le toucher, l’odorat et l’ouïe. En effet être conscient ou perdre conscience c’est connaître et reconnaître tout ce qui nous entoure, ce que nous pouvons voir, sentir et toucher. Cependant ces études restent peu abouties. En effet seul le phénomène de conscience visuelle est totalement connu. La transe hypnotique quand à elle regroupe encore à ce jour de nombreuses zones d’ombre.
- Agissements sur le cortex cérébral
Afin d’établir le fonctionnement du cerveau humain lorsque celui - ci « pense », les spécialistes ont eu recours à de multiples techniques d’observations. L’électroencéphalogramme ( ou EEG ) permet de mesurer l’activité électrique du cerveau et d’en donner le résultat sous la forme d’un tracé. Cet examen permet alors d’étudier les différents types d’ondes cérébrales. Dans la continuité de cette précédente technique nous retrouvons la magnétoencéphalographie, système permettant la visualisation des champs magnétiques induit par l’activité électrique des neurones. Il existe également la tomographie, méthode d’imagerie médicale révélant l’activité métabolique ( ou moléculaire ) d’un organe, en trois dimensions. Cette technique repose sur l’injection au préalable d’un produit radioactif, celui-ci donnant lieu à des émissions produites par les positons. Enfin depuis les années 90 l’état hypnotique a été identifié et caractérisé par l’imagerie cérébrale : l’ IRM, preuve irréfutable de son existence. La transe hypnotique se caractérise par certaines zones du cerveau qui s’activent, se désactivent et établissent des connections entre elles. L’ IRM fonctionnelle nous permet de détecter trois changements majeurs en, observant l’activité cérébrale. Le premier concerne la région dorsale cingulaire antérieure, l’action neurale augmente dans cette zone, impliquée dans la concentration sur la résolution d’un problème. Le second se rapporte au cortex préfontal dorso-latéral et à l’insulta, effectivement les échanges neuronaux sont plus intenses entre ces deux régions qui gèrent la flexibilité cognitive et la conscience de soi. Le troisième est du ressort du cortex préfontal dorso-latéral ainsi que du réseau par défaut, en effet la connectivité entre ces deux zones se voit amoindrir. Ainsi cette connexion plus faible explique que l’action et la conscience de cettte action soit dissociées.
Scientifiquement on peut maintenant affirmer que l’état hypnotique est une réalité.
II. Hypnose et douleur
Rappelons que le phénomène de douleur est un phénomène très subjectif. Descartes l’associait à un système pneumatique dirigé par la glande pinéale. Trois composantes de la douleur peuvent être identifiés, la sensorielle, l’affective, la cognitive, elle est donc dite multidimensionnelle. Il existe alors une correspondance avec trois dissemblables zones du cerveau. En effet l’identification de la douleur renvoie à la composante sensorielle à travers l’insulta et le cortex. La manifestation de l’inconfort quand à elle fonction dévolue au cortex cingulaire antérieur est associée à la composante affective émotionnelle. Enfin la modification du comportement via l’interprétation de la douleur s’établi au niveau du cortex préfrontal et pré - moteur grâce à la composante cognitive et cognitivo - comportementale. Ainsi lors d’un stimulus douloureux il n’y a pas une seule région du cerveau sollicitée mais bien trois. L’existence de cette matrice a été avancé à partir du PET scan.
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L’idée de recours à l’hypnose au bloc opératoire est très intéressante puisque cette technique limite la sensation douloureuse de 50 %, de plus elle n’a pas d’effets secondaires. En faisant usage de suggestions adaptées il est possible de moduler l’intensité de la douleur. Celles -ci entraînent une diminution d’activation de la zone cortex somato - sensoriel mais également une diminution du désagrément de la douleur par la baisse d’activation du cortex cingulaire antérieur. Ce contrôle de la douleur par l’hypnose est observable à l’aide de l’IRM fonctionnelle.
Nous pouvons également nous questionner sur un point : l’hypnose est elle similaire à l’effet placebo ? Rappelons que l’effet placebo représente un effet subjectif mais cependant véritable, produit sur une personne par un médicament n’ayant pas d’action concrètement prouvée. Néanmoins nous constatons que les régions dynamisées par l’hypnose sont distinctes, de celles du placebo à savoir les zones cérébrales réceptives aux endorphines opiacées.
III. La suggestion
On définit par le terme de « suggestion » la capacité à faire accepter une idée ( une image, ou une conviction ) de façon à ce qu’elle s’ancre dans l’esprit du sujet. Finalement c’est la possibilité d’influer sur un esprit dans le but que lui apparaisse une idée. Nous, humains baignons de façon permanente dans une univers suggestif, valeurs et croyances toutes deux le résultat de suggestions proposées par notre environnement quotidien. On parle alors de suggestibilité naturelle puisque nous ne cessons d’interagir avec notre monde. Alimenter l’efficacité d’une idée de façon à la contempler dans son extension la plus complète, c’est la finalité de chaque suggestion. Le développement de cette suggestion est précédé d’une vague émotionnelle, effet, naissant d’un conflit de tendances provenant bien évidement de la suggestion elle même.
La suggestion est un outil primordial de l’art hypnotique, effectivement elle permet d’aboutir à l’exploration du subconscient. De part notre imagination nous avons tous des degrés de sensibilité différents aux suggestions, mais également différentes réactions, en lien avec notre vécu. En effet certains mots ou expressions peuvent faire remonter en nous des éléments antérieurs, ils nous toucheront donc plus particulièrement étant donné que nous pouvons établir des correspondances personnelles. C’est également pourquoi le spécialiste doit maîtriser les mots qu’il emploie et les choisir avec soin.
La suggestion verbale s’établie en trois étapes. Premièrement la sélection des termes employés, effectivement le vocabulaire doit être simple, précis et concis. Tout cela dans l’intention d’obtenir une parole claire et positive. Dans un second temps l’agencement de ces idées, on doit pouvoir reconnaître une certaine continuité et fluidité dans les idées proposées par l’hypnotiseur. Celui-ci commencera par évoquer un ressentiment du sujet, par le jeu de progression entre les images il tendra à provoquer chez le sujet une émotion, un sentiment nouveau. Enfin l’hypnotiseur doit pouvoir rentrer en symbiose avec l’hypnotisé, il doit pouvoir se mettre à sa place, imaginer les émotions ressenties par celui-ci, de façon à garantir une parfaite cohérence dans les propos, mais également une concentration sans faille. Un aspect essentiel également : le ton doit être le même du début à la fin, la voix doit être sereine et posée, nul besoin de crier.
À présent étudions un cas plus particulier : l’hypnose dite Ericksonienne et ses suggestions directes. Cette approche puise ses origines dans les travaux du psychiatre Milton Erickson. À la différence de l’hypnose traditionnelle qui repose sur l’injonction, l’hypnose ericksonienne soumet le patient à un état de rêverie. Les actions ou idées sont suggérées de manière franche et directe, le patient se voit alors la possibilité d’accepter ou de refuser. Cette méthode permet également de mettre le focus sur les sensations et d’en faire l’expérimentation. Par ailleurs elle peut aussi aboutir à une amnésie partielle ( suggérée par l’hypnotiseur ) afin de ne garder en mémoire que les points forts d’une séance. On peut aussi parler de suggestions camouflées, en effet la suggestion directe se glisse derrière l’apparence d’une anecdote. Ainsi les idées entrent dans l’esprit du patient sans que celui-ci en soit réellement conscient. Enfin la suggestion indirecte, relevant de l’art du langage mais également des messages multi niveaux regroupe les suggestions composées, les causes à effet, les directives implicites, etc ...
La suggestion a alors pour but de transmettre des images au moyen de l’art de la parole, un art délicat qu’il faut savoir manier avec professionnalisme, dans lequel imaginer ce que l’on décrit est primordial à la parfaite transmission des émotions entre hypnotiseur et hypnotisé.